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Le Modef se pose en alternative à « l’emprise des syndicats majoritaires »

Le syndicat Modef s'est regroupé en Aveyron, où une nouvelle liste s'est créée, issue des déçues des autres syndicats, a expliqué Nicolas Guitard, tête de liste du Modef Aveyron.

Le Modef a lancé sa campagne pour espérer augmenter son score aux élections professionnelles des chambres d’agriculture, misant sur le revenu agricole et des prix minimums. Il déplore une intimidation des syndicats majoritaires pour la création de listes.

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Le Modef sait qu’il est « le plus petit syndicat agricole ». Mais en Aveyron, réunis à l’occasion du lancement de campagne pour les élections professionnelles ce jeudi 9 janvier 2025, les membres du syndicat s’étonnent : « Le Modef est présent dans 45 départements au niveau national, nous avons des listes pour les élections aux chambres d'agriculture dans seulement 17 départements. »

Une différence que le coprésident du syndicat, Pierre Thomas, attribue à « une emprise des syndicats majoritaires » qui influent sur les potentiels candidats qui « ont peur » de conséquences sur leur vie professionnelle s’ils rejoignent une liste concurrente.

Car l’enjeu des élections aux chambres d’agriculture est plus important qu’il n’y paraît. Le syndicat qui en sort majoritaire peut siéger dans les institutions locales qui accompagnent le monde agricole, comme les comités Safer « qui doivent retrouver leur indépendance », dénonce Sophie Bezeau, directrice du syndicat. Pour contrer ce que Pierre Thomas dénonce comme du « copinage difficile à vivre », le Modef assure qu’il défendra « l’ensemble des agriculteurs et pas que quelques-uns » en cas de victoire.

Très présent dans les départements et régions d’outre-mer, le syndicat espère garder la chambre d’agriculture de la Guadeloupe (la seule sous la présidence du Modef), gagner la Guyane « et pourquoi pas dans deux ans, Mayotte », dont l’élection a été reportée à cause du cyclone Chido qui a ravagé l’archipel.

Prix minimums et coefficient multiplicateur

Fer de lance du syndicat, le prix minimum garanti est en tête des revendications du Modef, tout autant que la remise en place d’un coefficient multiplicateur. « Je suis allé dans une brasserie, on nous proposait le vin à 7 € le verre, et moi on me le paie 7 centimes, il faut revoir la question des marges ! » s’exclamait Frédéric Mazer, viticulteur et coprésident du Modef.

Dans le viseur du syndicat également, les accords de libre-échange et l’OMC. En distorsion de concurrence au niveau social et environnemental, « il y aura toujours des pays qui produiront moins cher que nous », déplore Pierre Thomas, « ce qui est important aujourd’hui, c’est de vivre de notre travail et pas des aides publiques ».

En attendant, le syndicat minoritaire souhaite aussi modifier certains éléments des élections aux chambres d’agriculture pour y renforcer la diversité. Il souhaite « intégrer la proportionnelle au sein du bureau exécutif des chambres d’agriculture », diminuer le nombre de sièges (et ainsi des candidatures sur les listes) au vu de la baisse du nombre d’agriculteurs, et de réduire la part de représentativité nécessaire pour obtenir des sièges, actuellement le seuil est de 10 %.

Le Modef ne part pas vaincu pour autant. « On va y aller d’une manière très offensive », assure Pierre Thomas. Mais le syndicat pourrait bien avoir un train de retard. Les animateurs du débat télévisé prévu entre les présidents des syndicats agricoles sur LCP, le soir du lundi 13 janvier 2025, sembleraient avoir oublié d’inviter le Modef, qui l’a appris lors de la conférence de presse. Signe, qu’il est parfois bien difficile, d’être « le plus petit syndicat agricole ».

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